JE M’APPELLE KATRYSHA ET LA RCR M’A SAUVÉ LA VIE.
Deux semaines à peine après mon 30e anniversaire, j’ai subi un arrêt cardiaque soudain alors que j’étais au travail. Je n’avais jusque-là eu aucun problème de santé, mais sans signes précurseurs ni raison apparente, mon cœur s’est arrêté de battre. Deux de mes collègues, Salma Belhaffaf et Valerie Woods, m’ont sauvé la vie parce qu’elles savaient quoi faire dans une situation d’urgence. Sans perdre une seconde, l’une a composé le 911 pendant que l’autre commençait à me donner la réanimation cardiorespiratoire.
Les premiers intervenants étaient une équipe de pompiers qui venait de répondre à un appel tout près et qui est arrivée en quelques minutes. Les miracles existent, et la chance joue un grand rôle dans la vie. Chaque instant était une question de vie ou de mort, chaque décision comptait. J’étais au bon endroit, au bon moment. Mais surtout, j’ai eu la chance extraordinaire que mes collègues sachent quoi faire devant cette situation. Elles m’ont sauvé la vie, et depuis, ma vie a été transformée.
Mon histoire, je l’ai rapiécée au moyen des bribes partagées par ceux qui m’ont aidée. Je tenais à recréer la séquence des moments les plus critiques de ma vie afin de comprendre comment je suis encore ici aujourd’hui.
Les pompiers qui ont répondu à l’appel étaient Andrew van den Elshout, Robert Landry, Louis-Simon Amyot et Mathieu-Luc Pinard, membres du groupe 1 de la caserne 33. Dès leur arrivée ils m’ont administré deux chocs au moyen d’un défibrillateur : mon cœur s’est tout de suite remis à battre. Plusieurs mois plus tard, j’ai eu l’occasion de rencontrer Andrew, et il m’a dit que sur 200 personnes à qui il a administré ce traitement, seules trois ont survécu, dont moi. Je pense à cette statistique incroyable tous les jours.
Après que les pompiers m’ont réanimée, deux ambulanciers, Dave Viau et Stéphane Gendron, ont pris la relève et m’ont transportée d’urgence à l’hôpital, où les médecins ont fait des tests pour tenter de déterminer la cause de cet accident cardiaque. J’ai été placée dans un coma artificiel pendant deux jours, et durant cette période j’ai bénéficié d’un système de soutien extraordinaire à mes côtés, dont une équipe médicale formidable qui m’a prodigué tous les soins nécessaires tout en rassurant ma famille.
Durant les six semaines qu’a duré ma récupération—et encore aujourd’hui—j’ai bénéficié d’un amour et d’un soutien sans bornes de la part de ma famille, mes amis, mes collègues, mon patron et mes voisins, et d’un suivi attentionné des médecins, des infirmières, du personnel de l’hôpital et des premiers intervenants. J’ai reçu le plus beau cadeau qui soit : une seconde chance de vivre, un cœur qui bat, et l’occasion de voir et d’apprécier la communauté extraordinaire à laquelle j’appartiens.
À ce jour, malgré une batterie de tests, on ne sait pas vraiment comment ni pourquoi ceci m’est arrivé. Mes médecins savent que j’ai subi une dangereuse arythmie qui a entraîné un arrêt cardiaque. Mon traitement comprend des médicaments pour régulariser mes battements cardiaques ainsi que l’implantation d’un DCI (défibrillateur cardiaque implantable).
Il ne se passe pas de jour sans que je pense au miracle qui m’a permis de survivre à cet événement, au fait que chaque personne, chaque minute, chaque décision se sont harmonisées pour tisser le filet qui m’a sauvée. Mais le maillon le plus important de ce filet est le fait que mes proches ont su quoi faire devant la situation, et l’ont fait sans hésiter. Ils connaissaient la réanimation cardiorespiratoire, et c’est grâce à cette première intervention critique que je vis aujourd’hui. À la suite de cette aventure, j’ai voulu exprimer ma gratitude et redonner à la vie en enseignant à d’autres ces techniques de sauvetage. La RCR sauve réellement des vies. J’en suis la preuve vivante.